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Nous avons toutes et tous entendu parler du quotient intellectuel. Evalué à travers des tests standardisés, il donne une mesure soi-disant objective de nos compétences logiques et techniques. Le débat est continu sur la validité et la signification de ces tests qui fournissent une mesure relative aux compétences globales d’une société à un temps donné. Un QI de 100 (la moyenne d’un groupe) mesuré en 2024 ne reflètera donc pas la même réalité qu’au début du XXe siècle !

Image: Yichen Wang by Unsplash

A cette mesure des capacités humaines est progressivement venue s’ajouter celle du quotient émotionnel, qui fait référence aux compétences sociales et émotionnelles comme la créativité, l’empathie, l’adaptabilité, la confiance en soi ou encore la capacité de collaborer. Ces compétences sont aujourd’hui de plus en plus considérées dans les politiques de recrutement, car on a compris qu’elles sont importantes pour le bon fonctionnement et le succès d’une organisation. Qui n’a pas observé dans son quotidien une équipe ou un service paralysé par des problématiques personnelles ou interpersonnelles ?

Mais il y a encore du nouveau dans ce domaine. Presque 25 ans après notre passage au nouveau millénaire, c’est une autre compétence, encore bien moins saisissable que les capacités techniques ou émotionnelles des êtres humains, qui est entrée dans la danse: l’intuition.

Dans un système socio-économique où la rapidité est considérée cruciale dans la prise de décision, plusieurs observateurs constatent que l’intuition se profile comme un « outil » supérieur à la raison ou la logique.

Dans son ouvrage La Vie secrète de l’esprit (Odile Jacob, 2023), le physicien et neuroscientifique argentin Mariano Sigman détaille les fonctions cérébrales qui gouvernent nos décisions. Et lâche un scoop : plus l’enjeu est gros, plus notre inconscient l’emporte sur les délibérations. Pourquoi cela?

Parce que « l’esprit conscient, par sa taille relativement limitée, ne peut contenir qu’une quantité restreinte d’informations. En revanche, l’inconscient est vaste et, au fil de notre vie, a encodé les moindres données. Ainsi, lorsque le nombre de variables dépasse la capacité de notre esprit à les manier, nos décisions rapides et intuitives sont plus efficaces que nos décisions réfléchies », observe-t-il.

L’intuition a encore un autre avantage. Si elle permet d’embrasser un nombre important de facteurs en quelques mouvements de l’esprit, elle contribue aussi à solliciter les couches profondes de notre mental, celles qui appréhendent mieux l’harmonie, une compréhension du particulier comme faisant partie du tout.

Dans La puissance de l’intuition (Larousse, 2019), Helen Monnet, psychothérapeute et consultante RH, écrit: « Devenir plus intuitif permet de gagner une compréhension de soi et de l’univers beaucoup plus vaste, comme si on ouvrait un champ de vision plus étendu. Mais on atteint aussi une plus grande unité intérieure, une meilleure qualité de vécu, en se sentant davantage en harmonie avec soi-même et plus serein face aux événements. Dans notre monde agité, l’intuition est une façon de retrouver profondément la paix en soi et avec les autres. Car l’intuition est vraiment en lien avec la vocation d’être. Elle nous ramène à notre essence d’être unique, parce qu’on a chacun quelque chose de particulier à accomplir ici-bas. »

Comment arrive-t-on à puiser dans cette source féconde ? « Au fond, le plus grand ennemi de l’intuition, c’est la peur. La développer (l’intuition, ndlr), comme on travaillerait un muscle, nous demande de retrouver une ouverture semblable à celle des jeunes enfants, cette spontanéité d’aller vers des choses inconnues. Si on tient compte de ce qu’elle nous dit, même si cela peut sembler parfois un peu farfelu, on peut gagner un temps fou par rapport aux méandres rationnels que nous suivons habituellement », explique-t-elle.

Sources :